Afin de constituer une banque d’idées de nouveaux produits sur une base continue, la directrice Innovation chez Exceldor, Maryse Dumont, a demandé aux membres de son équipe de consacrer 10 % de leur temps à l’exploration et à l’innovation. Voici les défis et enjeux liés à cette façon d’innover au quotidien dans un marché très compétitif.
Créée en 1995, résultat de la fusion de deux coopératives datant de 1945, la coopérative Exceldor regroupe 260 éleveurs de poulet et 2250 employés. La société se spécialise dans la transformation primaire et secondaire du poulet, du dindon et de la poule de Cornouailles. C’est 1,4 millions de poulets qui sont prélevés dans les cinq usines de transformation en une seule semaine! La clientèle est constituée principalement des grandes chaines d’alimentation et de restauration canadiennes, y compris Costco et Wal-Mart.
En 2012, Maryse Dumont est embauchée pour structurer le processus d’innovation et mettre sur pied une équipe de R-D. C’est dire comment la culture d’innovation dans cette coopérative avicole est récente! Et c’est avec une détermination teintée de modestie que la directrice Innovation nous confie vouloir inculquer lentement, de façon progressive, sa philosophie de l’innovation à toutes les parties prenantes de l’entreprise.
L’innovation en agroalimentaire
« Innover demande beaucoup de courage, de rigueur et de détermination. C’est un travail difficile, dans un marché plutôt conservateur, où on se dispute férocement l’espace comptoir dans les grandes chaines d’alimentation », déclare d’entrée de jeu la directrice Innovation. En agroalimentaire, les clients ont une faible tolérance au risque et vont exiger de bons résultats, rapidement. Selon JoAnne Labrecque de HEC, 80 % des nouveaux produits développés dans ce secteur d’activité ne sont pas mis en marché. Ce qui veut dire qu’il faut générer beaucoup d’idées pour espérer en voir quelques-uns sur les tablettes!
« Des idées, on en a tous les jours. La difficulté, c’est de les traduire en succès commercial. Tout le monde veut des innovations, mais le consommateur n’est pas toujours prêt. C’est très difficile et la structure de l’Industrie nous rend cela encore plus difficile. Ca prend beaucoup d’argent et d’effort marketing. Même si on a des produits à fort volume, ce n’est pas une garantie de succès », de dire Maryse Dumont.
Mise en place d’un processus…
Ainsi, dans le but de constituer un portefeuille d’idées et de prototypes de produits, Maryse a instauré un processus systématique d’exploration en innovation. Elle mobilise les gens de son équipe en leur demandant d’allouer 10 % de leur temps, qu’ils gèrent eux-mêmes, à différentes activités : lecture, recherche de nouveaux ingrédients, développement de produits, exploration de nouveaux procédés, emballages, etc.
Malgré l’abondance des sources d’inspiration, Maryse privilégie la relation avec les fournisseurs, lieu d’échanges propice à l’émergence de nouvelles idées. « On bâtit des synergies avec eux. On fait du co-développement ».
… Qui génèrent des résultats concrets
Pour la directrice Innovation, la circulation et le partage de l’information sont essentiels pour promouvoir la culture d’innovation dans toutes les unités et à tous les paliers de décision de l’entreprise. Pour ce faire, les résultats des activités d’exploration de l’équipe sont partagés sous différentes formes : banque d’articles scientifiques résumés, vulgarisés et disponibles, diffusion d’une infolettre, présentation de prototypes aux équipes de ventes et de marketing. Cette dernière activité, qui a lieu trois à quatre fois par année, est l’occasion privilégiée de susciter des échanges et d’obtenir leur feedback.
C’est ainsi qu’au fil de l’année, ce processus systématique d’exploration permet de générer un portefeuille de prototypes, une cinquantaine, prêts à être présentés aux différentes clientèles, au moment opportun.
La persévérance en innovation est toujours de mise
« Mais les succès commerciaux ne sont pas légion. C’est difficile dans ce secteur peu propice aux innovations de rupture. On s’attaque à des comportements alimentaires difficiles à changer. On est davantage dans l’amélioration continue », précise la directrice Innovation qui s’empresse d’ajouter : « Qu’à cela ne tienne, il y a de bons bénéfices à poursuivre nos activités d’exploration, ça démontre notre créativité, notre persévérance ».
Et les défis ne manquent pas! Le poulet est la viande la plus consommée au Québec. Quand on pense que c’est la poitrine et la viande blanche du poulet qui sont les plus vendues, ça laisse beaucoup de potentiel pour valoriser d’autres parties de l’oiseau!
Flairer sans relâche les opportunités et propager une culture d’innovation au sein de la coopérative, Maryse et son équipe de R-D veillent au grain, au quotidien!
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* Cet article est issu des propos de Maryse Dumont, directrice Innovation chez Exceldor, lors de sa conférence au Sommet de l’IDP, le 5 avril 2017.
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