Récemment, des membres du Réseau Germe* de France étaient invités à participer à une journée de codesign à Montréal, dans le cadre des activités du Réseau Innovation de l’IDP. Le but : découvrir l’idéation collaborative entre entreprises d’univers différents, vivre une expérience de codesign sur des projets bien réels et tisser des liens entre gestionnaires français et québécois. Retour sur cette journée.
Le 27 septembre dernier à Montréal, une vingtaine de gestionnaires français et québécois ont été réunis au Desjardins Lab, de l’institution financière du même nom, pour vivre une expérience d’innovation collaborative. Au menu, l’application de la méthode design thinking à des cas réels. L’animation de cet atelier a été confiée à Alexandre Joyce, designer industriel et conseiller en innovation.
Bien que provenant d’univers et de domaines d’activités variés, les participants rencontrés ont en commun d’être à l’aise avec de nouvelles façons de faire et ont soif de nouvelles pratiques et méthodes. D’ailleurs, les membres de l’IDP et du Réseau Germe partagent des valeurs similaires : apprendre les uns des autres pour reproduire ces apprentissages dans leur entreprise.
La démarche
Le design thinking est une approche de l’innovation et de sa gestion servant à aller chercher l’expérience utilisateur, le feedback client. Synthèse entre la pensée analytique et la pensée intuitive, cette méthode permet d’obtenir rapidement des réponses à des questions cruciales entourant un projet d’innovation, de tester des idées, des prototypes auprès de ses clients sans devoir faire la conception d’un produit.
La méthode de design thinking comporte cinq étapes : empathie, définition du problème, idéation, prototypage et validation. Pour chacune de ces étapes, l’animateur présentait aux participants un outil comportant les principales notions théoriques suivi d’un exercice permettant d’expérimenter la démarche proposée.
L’expérimentation sur des projets concrets
À partir des enjeux de leur organisation, des produits à développer, des problèmes à résoudre, les participants ont identifié cinq projets bien concrets. Puis, cinq équipes de 3 à 5 personnes ont été constituées, chacune d’elles choisissant le projet sur lequel elle désirait travailler.
Par exemple, un des projets québécois portait sur la « fixation des sièges dans des autobus » alors que du côté du Réseau Germe, on s’intéressait à « développer un outil pour faire connaitre les bonnes pratiques de management ». Deux projets bien différents, l’un technique, l’autre pédagogique, mais pour lesquels la même démarche collaborative, comportant cinq phases, allait être appliquée par chacune des équipes.
Des résultats étonnants
D’abord, les gens se sont impliqués dans un projet qui n’était pas le leur. Étonnant non? Personne n’a voulu travailler sur sa propre problématique. Chacun a mis ses talents au service d’un projet qui n’est pas a priori dans un domaine familier. Ce qui constitue une expérience probante de cocréation!
Cependant, l’étape de validation s’est faite auprès des vrais responsables de projets qui ont joué le rôle de « dragon ». N’ayant pas participé à la démarche, ils avaient une certaine distance pour évaluer les diverses propositions, ce qui a suscité des échanges fort intéressants.
Par ailleurs, il est apparu que des équipes de 3 à 5 personnes constitue la taille optimale pour favoriser le travail collaboratif; ni plus ni moins. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance d’un animateur neutre qui joue le rôle de chef d’orchestre et qui permet aux gens de cocréer.
Il faut dire que l’habillement décalé et l’attitude du Dr Joyce (personnage de l’animateur avec sarreau blanc, stéthoscope et grosses lunettes vertes), lorsqu’il anime ce type d’atelier, sont propices à créer un contexte et un espace qui encouragent la créativité, le droit de s’amuser et de penser autrement.
Les participants ont dit avoir apprécié cette expérience d’échanges, énergique et dynamique, de même que l’aspect ludique et concret des outils et de la démarche. Leur seul bémol, ils en auraient pris pour deux jours tellement le contenu de cette formation est riche et le rythme d’apprentissage soutenu.
Le design thinking est réellement une méthode collaborative : les gens utilisent des outils qui leur permettent de collaborer avec leurs pairs. Au départ, cette méthode était davantage utilisée par des designers. En réduisant l’expertise du design dans l’application de la méthode, on opte pour une collaboration plus riche entre personnes aux compétences diverses.
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* Créé en 1998, le Réseau Germe est un organisme de formation en management fonctionnant en réseau à travers 120 groupes répartis sur tout le territoire français. Chaque groupe est piloté par un animateur professionnel et constitué de 15 à 20 membres représentant des fonctions et des entreprises diverses. Les programmes de formation sont élaborés par les membres du groupe et l’animateur. La démarche d’apprentissage se veut la plus pragmatique possible, portant sur des cas réels d’entreprise.
**Alexandre Joyce, designer industriel, est conseiller-partenaire à l’IDP depuis 2008. Il s’est joint à l’équipe du #DesjardinsLab comme conseiller en innovation en 2016.
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