En 2013, 10 personnes impliquées en innovation chez le fabricant de baignoires et douches MAAX ont participé à une formation de deux jours sur le processus d’idéation. Organisé par l’IDP, ce camp d’entraînement intensif se tient annuellement dans un lieu inspirant, loin de l’agitation de la ville.
Retour sur l’expérience avec André Deland, vice-président R-D, initiateur de la démarche et réflexions sur la place de la créativité dans une entreprise reconnue pour l’innovation de ses produits.
Q. Aviez-vous besoin d’être convaincu des bénéfices d’une telle formation en créativité pour vos gens?
R. J’ai moi-même participé à ce camp et je n’avais aucun doute sur l’utilité de cette formation pour les gens de la R-D et du développement de produits. Disons que les initiatives en créativité sont plutôt rares; cette expérience de formation fut particulièrement appréciée par les gens.
J’étais convaincu de l’approche qui permet d’avoir un peu de recul sur la créativité, de se faire déranger dans nos comportements habituels, d’apporter de la fraicheur dans nos idées. De plus, je considérais que c’était un excellent exercice de « team building », pour resserrer les liens entre les membres d’une équipe.
La créativité est un processus qui permet à l’entreprise de performer, un moyen qui peut la propulser loin, hors des sentiers battus, d’une façon tout à fait inattendue! Il ne s’agit pas seulement de trouver de bonnes idées, tout le monde en a. Non, ça permet d’aller plus loin, de faire d’un problème une opportunité, d’apporter des solutions qui ont une plus value et qu’on n’avait jamais vues venir!
Q. Quels ont été les arguments pour convaincre votre patron d’autoriser votre demande?
R. Eh oui, il fallait obtenir l’autorisation. Certains pourraient penser a priori qu’une telle mobilisation de personnel et des coûts engendrés ne valent pas le coup! Mais il faut d’abord y croire! Pour moi, c’est important d’exploiter le potentiel des gens dans l’entreprise pour trouver des solutions originales.
Un autre argument crucial, c’est de former une masse critique de gens qui partage une nouvelle approche et qui peut avoir un impact sur la culture de l’entreprise. Je craignais un peu le refus compte tenu des coûts et du temps investi. Mais l’erreur aurait été d’envoyer une seule personne. Dans une entreprise de bonne taille, il faut une masse critique, c’est un facteur de succès à mon avis.
Q. Dans votre entreprise, quelles utilisations faites-vous des techniques de créativité?
R. Aujourd’hui encore, on applique formellement des techniques de créativité lors de sessions de brainstorming en développement de produits et de l’élaboration d’outils de commercialisation.
Dans ces deux contextes, c’est la créativité qui compte et voilà pourquoi on fait appel à des gens créatifs. Ces techniques pourraient également être utilisées pour créer des modèles d’affaires, trouver des solutions à des problèmes. Et je vous dirais, qu’idéalement, elles devraient s’appliquer partout.
Par exemple, on avait un problème d’emballage avec un produit. On a « fait un Kaizen » et les gens ont appliqué des techniques apprises; ils sont arrivés avec une solution vraiment intéressante. Quand on a le temps, on le fait. Le plus gros gain, c’est qu’il y a encore des personnes qui appliquent les techniques. Malheureusement j’aimerais qu’on les utilise plus souvent. Il y a de la créativité, mais pas le volet « éclatons-nous », regardons cela de manière différente. Ce n’est pas assez exploité à mon goût.
Q. Quel est le principal obstacle à l’utilisation des techniques de créativité en entreprise?
R. Le pire ennemi de la créativité, c’est le manque de temps et la charge de travail des gens. Ça tue la créativité! L’application des techniques de créativité, l’établissement d’un processus d’idéation, la recherche des outils, les exercices de réchauffement, tout cela requiert un bon travail de préparation. Ça demande plus de temps et le soutien de la direction. C’est souvent comme cela que la pratique se perd dans l’entreprise.
Q. Dans un monde idéal…
R. J’aimerais ça arriver à un niveau de maturité où la créativité est partout dans l’entreprise. Quand on y croit, il faut l’inculquer dans la culture d’entreprise : laisser plus de place à la créativité des gens, favoriser des approches nouvelles pour générer des idées, trouver des solutions, exploiter le plein potentiel des gens et de votre entreprise.
J’ai confiance. On fait un travail créatif et on est reconnu dans le milieu. Les gens sont réceptifs. Quand on sera dans une phase qui demande plus de créativité encore, on va faire les bonnes choses et utiliser les outils.
Q. Le mot de la fin… la règle d’or d’André Deland
R. Je pense à une formule mathématique pour démontrer l’importance de former plusieurs personnes en même temps, d’avoir une masse critique susceptible de provoquer le changement à l’intérieur de l’entreprise. Imaginons…
« On forme 10 personnes, 7 vont utiliser les techniques et outils dont 3 sur une base régulière. Ce qui va générer en bout de ligne une bonne idée, celle qui va changer le cours de l’entreprise! Pas mal comme ROI. »
L’IDP tiendra son 4e camp d’entraînement en idéation de nouveaux produits les 9 et 10 mai prochains.
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